Critique de Flo : un biopic en demi-teinte ?

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Pitch : Biopic retraçant la vie et la carrière sportive d’une pionnière et d’une championne de la voile, la navigatrice Florence Arthaud.

Florence Arthaud sur son trimaran lors de sa victoire à la Route du Rhum en 1990. © Metropolitan FilmExport

Avis… Euuuux non. Intro de Pierre Marcel : Il y a de cela quelques années, je devais réaliser ce film pour le cinéma. C’était du vivant de Florence Arthaud. L’on s’était rencontré à ce sujet. Je n’avais pas réussi à la convaincre de me laisser faire un film sur sa vie. Aujourd’hui, il m’est donc difficile de donner mon avis qui ne sera jamais objectif ou dé-passionné car son histoire me passionne toujours et j’avais mon film en tête.
C’est pourquoi j’ai décidé que cet avis serait écrit par quelqu’un qui ne connaissait rien de son histoire et qui pourrait rester neutre pour juger ce film.

La parole est donc à Romain Fougeray, notre chargé de communication. C’est sa première critique et je compte sur vous pour lui faire des retours !

Florence Arthaud et Jean-Claude Parisis. © Metropolitan FilmExport

Avis de Romain Fougeray : Avant de voir ce film, je ne connaissais Florence Arthaud que de nom. Bien que n’ayant jamais pris le large, la tragique journée du 9 mars 2015, marquée par la perte de la navigatrice, Camille Muffat, Alexis Vastine, et sept membres d’une émission télévisée dans un accident d’hélicoptère, reste gravée dans ma mémoire.
Je percevais Florence Arthaud comme une force de la nature, un tempérament indomptable, une femme d’excès, éprise de liberté. À la manière de Serge Gainsbourg, la « petite fiancée de l’Atlantique » pouvait se permettre de vivre selon ses propres règles.

Florence Arthaud et son frère Jean-Marie Arthaud. © Metropolitan FilmExport

Cependant, ce biopic n’explore qu’insuffisamment cette dimension de madame Arthaud, la présentant à mon avis de manière trop lisse et frivole. Rares sont les scènes où elle manifeste la fougue qui semblait la caractériser. J’espérais découvrir une femme audacieuse, provocatrice, capable de bousculer les codes. Au lieu de cela, j’ai vu une représentation hyper-sexualisée, avec des scènes de nudité superflues, laissant supposer, pour les non-initiés comme moi, que son succès était lié à son charme et à ses conquêtes. J’aurais souhaité que le film mette davantage en avant ses capacités de marin alors qu’elle est érigée en femme parmi les hommes, et non comme l’immense sportive qui a gagné la Route du Rhum. Les personnages d’Olivier de Kersauson et de Jean-Claude Parisis, dépeints comme des stéréotypes beauf dénués de sensibilité, m’ont également déçu.

Florence Arthaud et son ami Yoyo. © Metropolitan FilmExport

La scène de la victoire de Florence Arthaud dans la Route du Rhum est assurément l’un des moments qui m’a le plus marqué dans ce film. Cependant, cette scène est brusquement interrompue par une bande sonore détonante, me sortant instantanément de l’émotion. Par moments, j’ai également perdu le fil de l’histoire, notamment lors d’une transition trop rapide de dix ans en l’espace de 20 secondes, où l’héroïne a eu sa fille sans prendre une ride.

Florence Arthaud et Olivier De Kersauson. © Metropolitan FilmExport

Les biopics sont toujours des fictions inspirées de faits réels. Il est normal que certaines parties soient arrangées ou délibérément omises. Seulement, Flo était une personnalité publique, et la modification de certains faits peut déstabiliser le spectateur. Dès le début du film, la scène de l’accident de voiture semble avoir été édulcorée. La jeune femme n’aurait pas pris le volant mais serait restée à l’arrière du véhicule contrairement à ce que l’on nous présente dans le film. Ce choix m’a particulièrement gêné, car je pense que cet accident a joué un rôle central dans la force de caractère de Florence Arthaud et qu’il a été minimisé dans le film.

© Metropolitan FilmExport

Le cinéma a le pouvoir de préserver la mémoire, et on dit qu’une personne meurt deux fois : la première fois lorsque son cœur cesse de battre, et la seconde lorsque son nom n’est plus prononcé. Nul doute que le nom de Florence Arthaud continuera à résonner grâce à ses prouesses. Si ce film a permis à certaines personnes de la découvrir, c’est une réussite en soi. Le film mérite d’être salué pour son esthétique visuelle, et Stéphane Caillard incarne le rôle de manière très lumineuse. Mais je crains que les véritables passionnés de Florence Arthaud, ceux qui ont vibré avec elle au fil de ses exploits, ne se sentent lésés en raison de plusieurs incohérences.
Ce film a suscité en moi le désir d’explorer davantage la véritable histoire de Florence Arthaud. Je vous encourage donc à aller au cinéma et à vous forger votre propre opinion.

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